Que connaissons-nous de Cuba ? Son rhum, ses cigares et la salsa. La salsa qui est omni-présente du soir au matin, d’est en ouest, du nord au sud, de Miami à Puerto Rico enpassant bien entendu par Cuba. Cette salsa, relayée depuis quelques temps par le Reggaeton, règne sur les lieux de représentation, les salles de concerts, les cabarets, les discothèques. Elle est la face visible et acceptable de la culture cubaine. Rhum-salsa, tabaco-Floridita, Varadero-charanga.

La face cachée est bien cachée par les autorités; c’est pas pour les touristes, juste à peine pour les locaux. Et puis elle ne ramène pas d’argent donc n’intéresse personne. L’enfant maudit est pourtant toujours vivant. Malgré les tentatives et démarches pour que l’underground cubain reste a jamais confiné dans son isolement, sans aide, sans moyen, sans représentant, Cuba revendique son rock. Cuba est une île métallique, influencée par la proximité de la Floride bien sûr mais aussi à l’écoute des échos proches et lointains, qu’ils soient finlandais, danois, allemands, brésiliens, nord-américains, etc...

Les cubains ont un accès très étroit à l’information, certaines professions comme les médecins ont droit à un intranet et une direction de courrier électronique. L’Internet n’est réservé qu’à un nombre limité d’entreprises d’Etat. Dans leur majorité, les cubains ont donc peu de possibilité de communiquer ou s’actualiser de façon indépendante. Mais le sport national c’est la démerde… les cubains sont les champions de l’invention, la nécessité fait parfois des merveilles… les mots de passe pour accéder au monde moderne se prêtent de temps en temps, se louent bien plus souvent, pour des montants qui peuvent représenter l’équivalent du salaire mensuel moyen pour quelques courtes heures de connexion par mois.

Les communications se maintiennent donc tant bien que mal. Dans cet univers assez difficile où le quotidien se résume trop souvent à se démerder seul pour tout (nourriture, transport, administration, etc.), pratiquement sans aucun appui officiel alors que le système politico administratif n’est basé que sur la communauté et l’assistance étatique, les acteurs de la scène (musiciens, producteurs, ingénieurs du son, éditeurs de fanzines/webzines, etc.), guerriers du métal, se battent pour la maintenir vivante. Les démos qui circulent sont enregistrées quasi systématiquement en prise directe à l’ordinateur, batterie rythmée électroniquement faute d’autre option. La commercialisation de la main à la main, la promotion de bouche à oreille.

Bref, la scène cubaine c’est la définition et l’essence même du Do It Yourself auquel il faut rajouter la relative clandestinité et la marginalisation forcée (le "rock" étant encore considéré comme subversif et objet de répression il y a encore quelques années).

BRUTAL BEATDOWN RECORDS est un nouveau label dédié à la promotion de la scène hardcore/metal cubaine. Label 100% indépendant crée par un français résident à Cuba depuis 1996, BRUTAL BEATDOWN sortira au premier trimestre 2007 sa première production, une compilation avec les 10 groupes (20 thèmes) les plus représentatifs de la scène actuelle. Le label est entièrement "géré" depuis Cuba, seule la reproduction physique des productions est réalisée à l’étranger (en France). L’objectif du label, premier et unique dédié au "metal" de Cuba, est de promouvoir cette scène et se convertir en acteur et messager ce celle-ci. L’union faisant la force, le collectif formant le label attend avant tout une certaine reconnaissance "interne" qui permettrait à tous ses acteurs de ne plus être considérés comme "parias" sinon comme artistes nécessitant des espaces de liberté et d’expression.